Colloque international
Simon Coffey
King’s College London
Le français est, depuis toujours, la première langue étrangère en Angleterre. Néanmoins, cette position privilégiée n’est pas fondée sur un raisonnement unanime. En effet, les arguments pour l’apprentissage du français s’articulent mal entre, d’une part, l’image de la langue française comme véhicule de la culture française/francophone (langue en tant qu’artefact culturel) et, d’autre part, les impératifs fonctionnels (activité communicative)
Ce clivage s’inscrit dans les divisions disciplinaires profondes qui remontent jusqu’à l’enseignement des langues classiques, un modèle sur lequel l’enseignement du français a été fondé dans les "public schools" historiques des élites d’Angleterre. Depuis le XIXe siècle l’éducation nationale s’est généralisée par plusieurs étapes mais le système éducatif britannique reste fortement hiérarchisé et l’apprentissage du français a été représenté au grand public à différents moments selon les mœurs qui sous-tendent les buts éducatifs des établissements scolaires servant les distinctes classes sociales.
Dans cette intervention j’examinerai cette évolution différenciée du français dans le système scolaire en Angleterre en m’appuyant sur trois axes. Dans un premier temps, je citerai les rapports commissionnés par le gouvernement du début jusqu’à la fin du XXe siècle. Un second axe est l’analyse des examens publics, en passant des examens d’avant la guerre de "matriculation" pour les peu nombreux qui achevaient leur parcours d’études, a la période d’après-guerre ou l’évaluation formelle s’est divisée entre un contenu plus académique pour les élèves des "grammar schools" sélectives et un nouveau format d’examen, le "CSE", destiné aux élèves dans les collèges favorisant une orientation technique. Le troisième axe de cette problématique que je voudrais aborder est un regard sur les représentations culturelle, pédagogique et linguistique du français dans les manuels scolaires anciens datant de la fin du XIXe siècle.