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Rôle et portée culturelle des textes dans l’enseignement des langues étrangères en Espagne : autour des morceaux choisis français de Francisco de Tramarría (1846) et de la grammaire allemande de Carlos Fernández de Castroverde (1868)

Alicia Piquer Desvaux

Universitat de Barcelona

 

Se servir de textes pour l’enseignement du français devient en Espagne une pratique de plus en plus courante à partir de l’Arte de hablar bien francés de P.-N. Chantreau (1781). Les grammaires de français pour Espagnols commencent à inclure des textes des grands auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles. Mais bientôt le volume des textes présentés pousse les auteurs à les intégrer dans de véritables anthologies littéraires qui deviennent le complément des grammaires. La dualité grammaire/anthologie s’impose de plus en plus et les morceaux choisis se multiplient. Nous allons attirer l’attention sur une anthologie spécialement riche, celle de F. de Tramarría : Lecciones francesas de literatura y de moral (1846). Le choix des textes de cette anthologie nous renseigne sur les objectifs de son auteur qui sait combiner avec une grande maîtrise des textes divers, surtout de l’époque classique, sans délaisser pour autant d’autres plus proches dans le temps. Il faut surtout mettre en relief un ensemble de textes à valeur rhétorique qui constituant un vrai ars dicendi deviennent le noyau central de l’anthologie de Tramarría et un cas tout spécial dans les anthologies scolaires de l’époque. Nous ne nous résistons pas à la comparer avec la grammaire allemande de C. Fernández de Castroverde, parue en 1868, car les textes dont celui-ci se sert représentent un choix proche de celui de Tramarría. Castroverde considère nécessaire recourir aux grands auteurs allemands des XVIIIe et XIXe siècles pour attirer l’intérêt vers leur langue et contester ainsi la primauté du français parmi les langues étrangères enseignées en Espagne ; une situation qu’il ne doute pas de mettre en question avec des « arguments de poids ». Il pense que son manuel peut servir à remédier à cet état de choses et pour cela il juge nécessaire de présenter des textes allemands à « grande valeur » scientifique et philosophique, et dans une moindre mesure littéraire.

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