Colloque international
Nadéjda Kriajeva
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
La communication montrera le changement du rôle des langues vivantes dans l’éducation, et du français en premier lieu, durant la seconde moitié du XIXe siècle par rapport à la période précédente où la haute société russe se trouvait sous l’emprise de la langue et de la culture françaises dont la maîtrise symbolisait d’appartenance au milieu d’« honnêtes gens ». Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le contenu de l’enseignement à l’école secondaire a fait l’objet de préoccupations principales des milieux pédagogiques ce qui amène aux réformes du système à plusieurs reprises. À chaque fois, la langue maternelle, les langues vivantes (français et allemand) et les anciennes, les dernières venues par ailleurs dans l’enseignement secondaire, se trouvent au milieu de débats pédagogiques qui se caractérisent par une rare vivacité et ampleur.
La réforme des gymnases de 1871 ayant donné la priorité aux langues anciennes est pourtant à l’origine des modifications importantes dans l’enseignement des langues vivantes, c’est le contenu culturel qui va y être amplifié et mis au premier plan. La réforme a provoqué un effort inouï d’enseignants du français : les méthodes traditionnelles accommodées, complétées par de nouvelles chrestomathies, recueils de textes, livres de maître, etc. paraissent en nombre croissant jusqu’au début du XXe siècle. La venue de la méthodologie directe en cette période dans les gymnases russe ne change pas la donne en ce qui concerne l’importance de la composante culturelle dans l’enseignement des langues vivantes. Plusieurs configurations et approches du contenu culturel s’y développent désormais jusqu’au moment où la révolution bolchevique fasse table rase des institutions éducatives impériales avec tous leurs programmes et défis pédagogiques.