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L’apprentissage du FLE en Belgique : une nouvelle colonie française ?

Eléonore Quinaux

Haute École Paul Henri Spaak, Nivelles

Anabel Simon

Haute École Bruxelles-Brabant

 

De nombreuses maisons d’éditions belges refusent d’accueillir en leur catalogue des manuels consacrés à l’apprentissage du français langue étrangère. Ces dernières estiment que ce marché est peu rentable puisque les éditions françaises exportent sur le territoire belge leurs propres productions. Quelques auteurs de manuels belges ne trouvent d’ailleurs pas souvent d’éditeur. Du XXe siècle à nos jours, tous les modèles liés à la langue et à la culture en Belgique émanent du modèle français, gommant toute particularité culturelle belge. Dans un enseignement qui valorise l’usage de documents authentiques, ne serait-il pas temps que la Belgique puisse diffuser ses propres manuels en lien avec la culture d’autrui et avec la sienne, proposant des extraits de lettres belges ou des séances culturelles liées à son histoire, à ses villes, à ses particularités. Quelques ouvrages paraissent, notamment aux éditions De Boeck, mais force est de constater qu’une fois de plus, les ouvrages étiquetés FLE ne proposent que des références littéraires liées aux classiques français. Tout enseignant belge doit quitter le domaine éditorial consacré pour se tourner vers des ASBL s’il souhaite s’écarter de l’influence parisienne et découvrir l’ombre d’un Atomium au lieu d’une Tour Eiffel. Cette tradition tournée vers la France n’est pas sans lien avec la psychologie du peuple belge dont l’identité même a toujours été chancelante. Ce problème identitaire engendra deux tendances dès l’entre-deux-guerres : d’une part, les auteurs et revues belges à visée nationaliste et d’autre part, des publications belges ne pouvant se départir de l’influence parisienne. Nous entendons démontrer que la problématique du manque de manuels tournés vers la culture belge est inhérente à l’histoire d’un pays et de sa littérature, sans cesse ballotée entre deux terres.

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