Colloque international
Ana Clara Santos
Université d’Algarve
La création du premier programme de français langue étrangère dans le système éducatif portugais et les orientations officielles qui s’en suivirent, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, dénotent un profond changement en ce qui concerne l’approche des langues étrangères et le rôle de la culture. Nous proposons ici une réflexion sur les différents abordages de l’enseignement de la culture-civilisation dans l’enseignement du français langue étrangère au Portugal à partir de cette période jusqu’à la première moitié du XXe siècle.
L’étude des transferts culturels franco-portugais au XIXe siècle nous donne, tout d’abord, l’occasion d’appréhender le phénomène d’intensification des relations culturelles entre les deux pays par le biais de certains agents culturels, entre gallomanie, gallophobie et gallofolie, sur la base de deux piliers bien solides, celui d’une lingua franca __ la langue française, langue de culture et de diplomatie __ et celui d’une langue/culture institutionnalisée auprès d’une élite dans le secteur public par les normes de l’Instruction Publique. Une analyse comparée de certains livres scolaires (selectas, recueils ou anthologies) adoptés par le système éducatif et des instructions officielles pour les programmes de français nous aide à déterminer les contours d’une nouvelle conception idéologique et pédagogique de l’enseignement de la civilisation-culture, y compris de la culture littéraire.
Quel rapport entre les savoirs langagiers et les savoirs culturels est alors préconisé ? L’éloignement de la méthode traditionnelle « grammaire-traduction » coïncide alors avec une nouvelle mission assignée à la langue, une mission civilisatrice dans laquelle la langue est porteuse de valeurs et d’idées au sein de la réalisation d’un « objectif social de référence » (Puren). De plus, sous l’école républicaine portugaise, s’opère le tournant entre les valeurs véhiculées autour du caractère de la nation française (notamment à travers certains personnages illustres ou certaines habitudes liées à la civilisation quotidienne) et les principes de la « lecture directe » des grands auteurs (Godart) où l’approche culturelle constitue le noyau de l’apprentissage du FLE.